J'ai perdu ma montre

1.

Je n'avais pas écrit depuis un moment. L’envie n’était pas le problème. J’avais même quelques histoires plutôt agréables à raconter à mon sujet, ce que j’évite d’ordinaire de ressentir. La merde est toujours plus facile à étaler sur les murs. N’empêche qu’un temps, me suis senti assez veinard, sans pour autant culpabiliser, plutôt rare en ce qui me concerne.

J’ai rencontré ma future femme en mai dernier. On n’est pas trop censé savoir ces choses avec autant d’avance mais disons que moi je le sais, qu’elle semble également au parfum et qu’on a décidé d’avancer dans ce sens. Si tout part en couille, avec un type comme moi dans le cadre, les chances existent, je me morfondrai dans la connerie monumentale de n'avoir jamais cru qu'une âme puisse vraiment m'aimer et dans la tragédie encore plus grande de voir cette merveille s'évaporer. J’aime cette reine. Elle me fait ressentir des choses que je ne lis même pas dans les poèmes.

Bref, comme j’étais en train de le raconter la dernière fois, j’ai passé un temps à Bruxelles pour redémarrer ma machine, fuir ma vie d’ennui, de déprime et d’incompréhension et aussi pour me filer un peu de frissons. 

Pour ça, j’ai migré au troisième étage d’une maison familiale catholique, mais ça vous le savez. Vais quand même vous expliquer un peu le lieu. Au rez-de-chaussée, il y a les espaces communs de la famille parfaite, salle à manger, jardin, salon sans tv, cuisine et un chiotte certainement bien propre et qui sent bon. Je n’avais pas accès à l’ensemble de l’oeuvre mais chaque soir où je rentrais, j’assistais au spectacle de la famille Disney partageant un moment enchanté au travers de leurs murs vitrés. 

Au premier étage, il y avait des chambres et une salle de bain pour la première partie de la famille. Au deuxième, rebelotte et sans réel intérêt. 

On arrive alors en haut avec ma suite et une chambre allouée à autrui. Je ne le découvrirais que des jours plus tard, mais l’autrui en question était une colocataire belge. 

2.

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